ON (RE-) PARLE ENFIN DES INTERSEXUE-E-S A STRASBOURG !
Projection-débat sur les intersexu-e-s
proposée par Festigays en partenariat avec Orphéo
Intervention de Aurore Kopp (Festigays)
LUNDI 30 MAI A 17H AU PORTIQUE
Faculté de Strasbourg, salle 18, 14 rue René Descartes, Strasbourg
Dans le cadre de la quinzaine des visibilités LGBTI, Festigays organise, en partenariat avec l’association Orphéo, association de soutien pour les personnes intersexué-e-s et leur proches, une séance d’information sur les intesexué-e-s avec la projection d’un très beau film suivie d’une intervention de Aurore Kopp (Festigays) et d’un débat.
L’intersexuation est une variation du développement sexuel. C'est-à-dire que les organes génitaux ne correspondent pas à la norme imposée par nos sociétés sur ce que doivent être les organes sexuels dits « mâles » et « femelles ». A partir de là, les personnes qui naissent non-conformes à ces normes, sont le plus souvent dès la toute petite enfance soumises à des traitements et opérations chirurgicales, y compris les personnes qui sont en bonne santé physiologiques, afin d’être rendu-e-s conformes à la norme… Ces traitements et opérations de réassignations, pour la plupart effectués sans le consentement de la personne concernée, ont dans bien des cas des conséquences néfastes sur la santé ou sur le vécu des personnes concernées, et posent la question de l’atteinte aux droits humains et aux droits de l’enfant. Quand bien même elles ont été réassignées, avec ou sans leur consentement, nombre de personnes intersexuées n’échappent pas à la discrimination et aux violences qui en découlent. Mais nos sociétés n’acceptent pas que l’on soit ni « mâle » ni « femelle » s’agissant du sexe génital, ni « homme » ni « femme » s’agissant du genre social. De genre social "homme" ou "femme"; la plupart des intersexué-e-s le sont, que ce soit un choix ou non... Certain-e-s le vivent bien, d'autres non, certain-e-s vivent bien le genre social auquel on les a assigné-e-s, d'autres voudraient pouvoir choisir leur genre social, d'autres voudraient ne pas avoir à choisir ni subir de genre social "homme" ou "femme" et être simplement elles/eux-mêmes... Pourtant, l’intersexuation existe depuis toujours et chez tous les mammifères, y compris les humains… Mais voilà, dans notre culture si normative et répressive, on ne supporte aucun écart à la norme de genre. Et ce qui trouble, voire suscite la panique avec l'intersexuation, c'est que l'argument de la "nature" n'est plus valable pour justifier les normes de genres : et oui, être une "femme" ou un "homme" c'est culturel, mais être une "femelle" ou un mâle" aussi ;-)
L’intersexuation est encore un sujet trop méconnu en France, mais qui commence tout doucement à être abordé dans les milieu LGBTI à l’initiative surtout des association d’intersexué-e-s. On ne peut donc que saluer cette initiative ! Ce n’est pas souvent qu’à Strasbourg on éclaire ce I comme Intersexué-e-s qui se trouve à la fin du sigle LGBTI ! A ma connaissance c’est arrivé deux fois en… 10 ans d’existence de la marche des visibilités. Le sujet a été évoqué pour la première fois à Strasbourg en juin 2006, avec une conférence sur le genre et les discriminations qui en découlent de Marion Perrin du collectif féministe Scumalines, invitée par la Lune, association lesbienne et féministe, dans le cadre de la semaine des visibilités coordonnée par Festigays. Mais c’est en juin 2007 que toute une soirée a été consacrée à ce sujet, dans le cadre du cadre du Festival Joyzone (Festival « visiblement LesBiTransGayIntersexe et féministe »), avec une intervention de Dannie Reynal de l’Organisation Internationale des Intersexué-e-s. Cette même année, à l’initiative de Dannie Reynal, les intersexué-e-s se sont visibilisés et ont porté leur revendications à la marche des visibilités LGBTI de Strasbourg. Mais depuis, rien de particulier n’avait été fait dans cette ville, si ce n’est que le futur centre LGBTI Strasbourg Alsace, la Station, a clairement annoncé son intention de lutter contre les discriminations qui touchent tous les LGBTI –y compris les intersexué-e-s.
Si des associations existent en France (Orphéo et l’antenne française de l’Organisation Internationale des Intersexué-e-s), la situation des intersexué-e-s, les discriminations auxquelles ils/elles sont confronté-e-s, les atteintes à leurs droits fondamentaux et leurs luttes sont encore trop invisibilisées, y compris dans le milieu associatif LGBTI.
Beaucoup d’ignorance, peu de solidarité, tout reste à faire dans ce domaine, mais rien n’est impossible ! Cet évènement est une des trop rares occasions de s’informer. Le film qui sera projeté est superbe et Aurore Kopp a préparé cette soirée en concertation avec l’association Orphéo et conseillée par Dannie Reynal. Gageons que cette initiative soit le déclencheur d’une nouvelle dynamique à Strasbourg !
Alors, que vous vous interrogiez, que vous soyiez solidaires ou concerné-e-s, venez nombreuses/eux lundi 30 mai à 17h au portique, car ce n’est pas souvent que ce genre d’occasion se présente à Strasbourg !
* Pour plus d'information sur les intersexué-e-s :
Portail web (associations, sites, forums, pages info...) : Sur le web intersexe
Pour les néophites : Fiche "pédagogique" intersexes, intersexué.e.s, intersexuation